Je pratique la Macro depuis plus de 15 ans et je dois avouer que je dois ma passion de la photographie du monde miniature à Claude Nuridsany et à Marie Perennou. 

Très tôt, à l'âge de 12 ans, je me suis procuré leur excellent ouvrage Photographier la Nature qui traite des techniques de la Macro. Aujourd'hui, cet ouvrage reste pour moi une bible technique. Mais ma référence absolue est sans conteste "La Planète des Insectes", recueil d'images fabuleuses. 

Mon objectif est d'oublier le cadre naturaliste pour créer simplement de belles images d'insectes. 

Au fil de ce petit dossier, je décris mes méthodes de prises de vues sur le terrain et en studio. 


Sujet statique (fleur) :

Le premier sujet auquel on pense quand on aborde la photomacrographie est une fleur, une simple fleur. C'est en effet un bon sujet pour débuter car on peut prendre son temps. Un 50 mm et des bagues-allonge suffisent. Pour réussir une bonne photo, il faut éviter quelques pièges "classiques". Il ne faut pas se concentrer sur le sujet en oubliant complètement l'arrière-plan. Il sera de toute façon flou, mais sa couleur est très importante. Prendre un trépied pour éviter le flou de bougé est une bonne idée ... tant que la fleur est immobile. En effet, il faut tenir compte du vent. Enfin, il est bon d'alterner plans très serrés et plans larges. 


Si une fleur est un sujet facile en lumière naturelle, il n'en est pas de même avec des flashes. En effet, la fleur a en général une forme complexe qu'il est difficile d'éclairer correctement. Ici, il faut avoir recours à des diffuseurs et à des réflecteurs pour obtenir un bon résultat. 

Equipement de base : 50 mm standard ; 1 jeu de bagues-allonge ; réflecteur 

Equipement idéal : 50 mm macro ; 2 flashes + réflecteurs ; soufflet ; trépied


Insecte peu craintif (abeille) :

Certains insectes ne sont pas effrayés par l'énorme objectif qui s'approche d'eux. C'est le cas, par exemple, des abeilles qui butinent sans se préoccuper du photographe. Ainsi, c'est un sujet à conseiller au débutant. Là encore, une focale de 50 mm est idéale car il n'y a pas de difficulté d'approche. Seulement, le 50 mm Macro devient ici beaucoup plus utile grâce à sa souplesse d'utilisation (on choisit le rapport en tournant simplement une bague). En effet, il faut bien comprendre qu'en Macro on ne règle pas le point en tournant la bague de mise au point mais en avançant ou en reculant l'appareil par rapport au sujet. 


En Macro, le terme "bague de mise au point" devrait être remplacé par "bague de choix du rapport". Une fois le rapport choisi, le photographe n'a plus qu'à suivre attentivement les mouvements de l'abeille. 

Pour réussir de bonnes images, il faut toutefois suivre quelques règles de base : se placer au niveau du sujet (on se lasse très vite du cadrage en plongée...), replacer le sujet dans son contexte (photographiez la fleur autant que l'abeille), ne pas oublier les règles de composition d'une photographie (toujours vraies en Macro). 

Equipement de base : 50 mm standard ; 1 jeu de bagues-allonge. 
Equipement idéal : 50 mm macro ; flash + réflecteur.


Sujet difficile :

Ici, je vais parler des animaux qui n'apprécient pas l'approche du photographe. Parmi eux, on trouve certains papillons (les plus beaux...), les grenouilles, les lézards, les grandes libellules. Pour traiter ces sujets, il vaut mieux abandonner le 50 mm et utiliser un téléobjectif. Le compromis idéal est souvent le 100 Macro, mais un objectif classique de même focale et un jeu de bagues-allonge peut aussi convenir. Et ce n'est que dans des situations extrêmes qu'on aura recours à des focales plus longues (200 mm Macro par exemple). En effet, un 100 mm Macro n'est déjà pas facile à maîtriser car, avec lui, le risque de flou de bougé est important. Avec un 200 mm Macro, des appuis stables ou un pied sont indispensables. 
Le 100 mm Macro fait gagner (seulement) 20 précieux centimètres de recul par rapport au 50 mm à R = 0,5. Donc, l'approche avec un 100 mm reste difficile.

Ainsi, il faut que le photographe s'adapte au comportement de l'animal qu'il veut photographier.  Des insectes comme les papillons ne sont réellement actifs que s'il y a du soleil. Ils sont donc très sensibles à son absence. Le photographe devra donc prendre garde de ne jamais projeter son ombre sur le papillon. Sinon, le papillon s'envolera immédiatement. On peut s'approcher rapidement d'un papillon jusqu'à 1 mètre. En dessous de cette distance, il faut avoir des gestes lents. Enfin, il faut éviter de s'habiller avec des couleurs vives. Le cas de la grenouille est plus délicat. En effet elle perçoit tous les mouvements du photographe. Celui-ci doit alors s'armer de patience en sachant que la grenouille est aveugle à tout ce qui est immobile. 
Le Lézard est surtout sensible aux vibrations. Il est beaucoup moins vivace quand il n'y a pas de soleil. Alors il faut profiter des journées nuageuses pour lui tirer le portrait ! 
Les grandes libellules sont particulièrement difficiles à photographier car elles volent quasiment toute la journée au dessus des étangs. Le 100 mm macro n'est souvent pas suffisant. Avec un 200 ou 300 mm, on peut les photographier en vol. Mais la prise de vues d'insectes en vol est un sujet à part entière que je ne développerai pas ici. 

Ces sujets difficiles sont en général photographiés en lumière naturelle. Mais on peut, dans certains cas, utiliser les flashes électroniques. L'utilisation de l'éclairage artificiel dans ces conditions suppose que le photographe maîtrise aussi bien l'approche d'animaux craintifs que les techniques d'éclairage au flash. 

Pour terminer, il faut dire que les caractéristiques du boîtier sont importantes. L'automatisme à priorité ouverture est appréciable. La motorisation est quasiment indispensable (le mouvement du pouce fait fuir les animaux craintifs). La qualité du viseur est importante : il doit être de type HP pour une visée confortable. Dans certains cas extrêmes, l’utilisation de viseurs spéciaux peut également s’avérer utile (viseur Sportif, viseur de poitrine, viseur d'angle) sur des boîtier comme les Nikon F3, F4 et F5. 

Equipement de base : 100 mm standard ; 1 jeu de bagues-allonge 
Equipement idéal : 100 mm macro ; 200 ou 300 mm (si possible macro), flashes + réflecteurs, viseurs spéciaux.



La photomacrographie est souvent perçue comme la photo des naturalistes, donc comme un domaine technique dépourvu de tout sens artistique. Or, bien pratiquée, par des gens qui sont avant tout photographes, elle peut devenir la source de superbes images. Pour cela, il faut bien comprendre que toutes les règles connues dans la photo traditionnelle sont applicables en Macro. Les photos macros doivent être cadrées avec soin et l'éclairage doit être pensé. 

Quand on photographie une libellule en gros plan, on réalise un portrait. Un cliché de papillon en vol est une photo d'action. Les grandes herbes sont les paysages dans lesquels évoluent les minuscules sujets.

Là, je dois remercier Claude Nuridsany et Marie Perennou qui, sans le savoir, m'ont transmis ces notions fondamentales. 
Les ouvrages "La Planete des Insectes" et "Eloge de l'herbe" sont les plus belles leçons de macro que je connaisse.