Je présente ici mon activité favorite : la photographie de papillons pris en plein vol. Après de longues années d'expérimentation, je suis devenu un spécialiste de cette discipline très particulière.


J’ai eu la chance d’avoir un père collectionneur de papillons. Donc, très jeune, j’ai pu découvrir ces magnifiques insectes en l’écoutant me citer leurs superbes noms (Tabac d’Espagne, Robert le Diable, Vulcain, Flambé, ...) et me décrire leur mode de vie. Très rapidement, les papillons furent pour moi une passion !

Mais quelque chose me dérangeait dans la chasse aux papillons : pourquoi les tuer alors qu’on prend tant plaisir à les voir évoluer dans la nature, de fleur en fleur ? A l’âge de 12 ans, Claude Nuridsani et Marie Perennou me donnèrent la solution grâce à leur livre «photographier la nature» : je serai photographe de papillons. Et, depuis 25 ans maintenant, je pratique la photographie macro avec plus de satisfaction chaque jour.

La photo de papillon m’a amené à beaucoup observer mes sujets pour savoir où et quand les trouver, pour apprendre à les approcher ni trop vite ni trop lentement, pour choisir mes meilleurs points de vue et pour anticiper leurs mouvements. Il m’a fallu de nombreuses années pour constater que je ne photographiais que des papillons posés alors que ce qui me fascine, ce qui rend les papillons incomparables, c’est le fait qu’ils soient de vraies fleurs volantes !

L’idée de prendre des clichés de papillons en plein vol m’est venue à l’esprit au début des années 90. Depuis, cet objectif ne m’a jamais quitté malgré toutes les difficultés rencontrées : dix ans se sont écoulés avant que j’obtienne des résultats qui correspondent aux photos que j’avais en tête.

Etant enfin satisfait de mes photos de papillons en vol, j’ai décidé en 2003 seulement de commencer à les montrer. Ainsi, en 2004, j'ai remporté une mention technique pour ce travail au concours international de photo nature de Montier-en-Der.



Voici la première photo de papillon prise avec mon nouveau boîtier numérique Nikon D2h. Depuis 2002, quasiment toutes mes prises de vue macro sont faites au reflex numérique.

Début 1990, alors que j’étais élève ingénieur, j’ai profité de mon accès au laboratoire d’optique de Besançon pour construire une première barrière lumineuse très sensible équipée d’un laser. Celle-ci a depuis reçu plusieurs modifications mais j’utilise toujours les principes de base mis au point au laboratoire.

Parallèlement à ces études techniques, j’ai recherché des travaux d’autres photographes sur les papillons en vol. C’est ainsi que j’ai découvert l’oeuvre de Stephen Dalton, maître incontesté de la photographie ultra-rapide. J’ai lu et relu son ouvrage «pris sur le vif» (Caught in motion).

J’ai ensuite découvert la montagne de difficultés qui se trouvait devant moi. D’abord, il a fallu surmonter les problèmes purement techniques : réglage du système de déclenchement automatique, prise en compte du délai d’ouverture de l’obturateur, maîtrise de la durée des éclairs. Ces travaux techniques ont été si longs et difficiles que j’ai plusieurs fois hésité à abandonner.

Puis j’ai du trouver des solutions pour que les papillons traversent ma barrière lumineuse. Cette phase de mon parcours photographique m’a redonné le moral car je me retrouvais avec les papillons, dans la nature, en train d’observer leur vol fait d’acrobaties et de changements de direction. C’est une période au cours de laquelle j’ai pris de nombreux clichés ... de papillons posés sur des fleurs !

Mes premières saisons de macro ultra-rapide m’ont déçues. Certes, j’obtenais des photos de papillons en vol, mais les résultats étaient très éloignés des images que j’avais envie de réaliser. Je me suis rendu compte que je pensais plus à la technique à mettre en oeuvre qu’aux photographies et à mes petits sujets. J’avais oublié un élément essentiel : la lumière. En effet, il ne suffit pas de mettre deux flashes à coté d’un appareil pour obtenir toutes les subtilités de la lumière naturelle et il n’y a rien de plus triste qu’une photo macro prise à l’aide d’un flash annulaire.

Je n’ai pas trouvé immédiatement de solution à la qualité de la lumière. Pourtant l’éclairage artificiel avec l’éclair très bref des flashes est indispensable pour figer le mouvement très rapide des ailes. J’ai alors mis en parenthèses la macro ultra-rapide pendant plusieurs années.

Et puis la photographie numérique est arrivée et je m’y suis très vite intéressé. En effet, j’ai eu l’occasion de tester un Nikon D1 de présérie en octobre 1999. Dès ma première prise en main, j’ai pressenti le fort potentiel de ce reflex numérique en prise de vue rapprochée. Après avoir fait de nombreux comparatifs argentique - numérique en macro, début janvier 2002, j’ai fait l’acquisition de mon Nikon D1. J’ai raconté mon aventure numérique dans un article que j’ai écrit pour Chasseur d’Images et qui est paru dans le numéro 255 de juillet 2003.

Une des grandes qualités du numérique est la capacité à montrer très vite les résultats. J’ai donc utilisé mon Nikon D1 pour faire de nombreuses recherches sur l’éclairage et pour comprendre les subtilités de la lumière du soleil qui éclaire le monde miniature des insectes. Cela m’a donné le goût de pratiquer de nouveau la macro ultra-rapide.

Et j’ai redécouvert les photos que j’avais en tête depuis 10 ans !


Grâce au reflex numérique, je règle l'éclairage au flash avec grande précision ; ici un contre-jour.




Nikon D2X au cours d'une journée de prise de vues de Diane en vol

Le boîtier est configuré de façon à minimiser la durée de l’ouverture de l’obturateur. Ici 3 câbles sont connectés à l’appareil : câble de synchronisation du flash, câble de déclenchement automatique connecté à la prise 10 broches de télécommande et câble USB afin de visualiser en temps réel les clichés sur l'écran d’un ordinateur portable.
Le flash SB600 est utilisé pour déclencher 3 autres flashes SB800 par l’intermédiaire de cellules d’autodéclenchement.

Une bonne photographie est forcément réalisée sous un bon éclairage. La vraie difficulté en macro ultra-rapide tient à l’obligation de travailler en éclairage artificiel bien plus qu’aux techniques mises en oeuvre pour saisir le bon instant !

Depuis 2 ans, je passe de satisfaction en émerveillement et en surprise en découvrant les figures de style faites par certains de mes sujets. Maintenant, je me concentre sur ce qui est important : les papillons et leur milieu. Par exemple, j’ai passé de nombreuses heures à observer plusieurs flambés parmi les aubépines avant de comprendre qu’il ne fallait pas utiliser un objectif macro pour saisir la beauté du vol au milieu des fleurs. L’association du grand-angle et de l’éclairage adapté m’a permis de photographier ce que j’observais à l’oeil nu.

Aujourd’hui, la technique est toujours présente, sans doute plus que par le passé, mais elle ne me gène plus ; elle me rend service. Depuis le début 2004, je travaille avec des nouveaux reflex numériques : les Nikon D2h et D2x. Leur très grande nervosité m’est utile pour photographier les papillons ; le délai de déclenchement n'est que de 37 ms. J’utilise également ses flashes SB-800 qui émettent des éclairs très brefs. Avec eux, j’ai appris à maîtriser le durée de l’éclair des flashes afin que l’extrémité des ailes reste floue pour dynamiser mes clichés et suggérer le mouvement rapide du vol. Ici encore, l’appareil numérique est indispensable. Il est impossible de prédire quelle est la bonne durée d’éclair pour chaque espèce voire pour chaque individu ! Je ne connais pas d’autre solution que de faire des essais, et avec le numérique, le résultat des tests est disponible de suite et permet de modifier les réglages en pleine séance de prise de vue.

Du coté optiques, j'utilise bien sûr toute la gamme des Micro-Nikkor (60, 105 et 200mm). Avec le capteur de format DX de mes Nikon D2, ils sont encore plus souples d'emploi : le rapport de reproduction 1:1 correspond à un cadrage plus serré de 16x24 mm et l'éclairage est facilité grâce à la distance de prise de vue plus grande.

Lorsque je désire photographier tout autant le milieu dans lequel volent les Lépidoptères que les papillons eux-mêmes, j'ai recours à des grands-angles de 20 ou 24 mm. Le 20 mm qui dispose d’un champ large est très délicat à mettre en oeuvre car il couvre un arrière-plan très vaste qui doit bien s’harmoniser avec les couleurs du papillon. De plus, lorsque je travaille en lumière artificielle, je dois utiliser un grand nombre de flashs pour éclairer tout le champ couvert par le 20 mm. Mon 24 mm est plus souple d’emploi. En effet, tout en restant grand-angle, le champ visé est légèrement plus étroit, la distance de prise de vue est plus importante et l’objectif permet de cadrer plus serré.


J'utilise un grand nombre d'accessoires avec mes flashs SB-800 (diffuseurs, réflecteurs, pieds de toutes sortes, filtres colorés) pour reproduire fidèlement la lumière naturelle.


Cet objectif très lumineux me permet de figer le vol des papillons uniquement avec la lumière naturelle !

En cherchant des solutions pour figer le vol des papillons en lumière naturelle, j'ai découvert début 2005 le nouveau téléobjectif ultra-lumineux Nikkor AFS VR 200 mm f/2 G IF-ED. La très grande ouverture de cet objectif procure une profondeur de champ extrèmement faible. C'est pourquoi j'ai d'abord cru qu'il n'était pas adapté à la photo de papillons en vol. Puis, j'ai fait de nombreux essais et j'ai réussi à mettre au point un dispositif de déclenchement de l'obturateur dédié au 200 mm f/2. Depuis, je suis émerveillé par la qualité optique de ce 200 mm et la beauté des arrière-plans créés par son super bokeh. La douceur des fonds est renforcée par la richesse des détails de tout ce qui se trouve dans le plan net. J'utilise le plus souvent le 2/200 VR à courte distance de mise au point de 1,9m à 3,5 m. Avec le capteur de format DX du D2x, cela correspond à des cadrages assez serrés bien adaptés à la photo de papillons en vol (env. 12 x 18 cm à la distance mini de 1,9 m). J'ai parfois recours aux flashes SB-800 en mode synchronisation haute vitesse FP. Je peux ainsi associer lumière naturelle et éclairage au flash à 1/8000° s à f/2. A une telle vitesse d'obturation, il faut bien sûr que le flash soit très proche du sujet mais j'obtiens facilement un dosage subtil de la lumière. L'ensemble D2x + 2/200 VR + flash SB-800 est prodigieusement efficace !




Enfin, le travail des clichés sur ordinateur est assez limité mais est déterminant pour maîtriser la qualité des photographies. Je travaille exclusivement en format NEF (le format brut de Nikon). Ensuite je «développe» chaque image avec soin dans Nikon Capture 4. Je suis devenu un inconditionnel de ce superbe logiciel qui permet d’exploiter pleinement les appareils Nikon.


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