Cette page présente les techniques mises en oeuvre pour photographier les papillons en plein vol. La saison 2006, qui a été entièrement consacrée à ce sujet, est prise en exemple.

Comme souvent, la saison 2006 a débuté dès l'hiver précédent. Pendant les mois où les papillons sont absents, j'ai pris l'habitude de me pencher sur les résultats de l'année écoulée afin de trouver comment surmonter les échecs, comment améliorer certains clichés trop fades à mon goût ou encore afin d'identifier quelles espèces de lépidoptères j'essayerai de photographier la saison suivante. Pendant l'hiver 2005-2006, mes travaux ont été orientés vers la mise au point d'un système d'éclairage plus souple d'emploi et vers l'amélioration du rendu de mes clichés pris à très grande ouverture.


J'ai profité de la mise sur le marché d'un module de pilotage des flashes à distance Nikon SU-800 pour faire des tests avec mon équipement ultra-rapide. J'ai d'abord constaté que la commande sans fil ajoutait un délai de déclenchement de l'appareil photo assez incompatible avec mes exigences de rapidité d'action. Mais en multipliant les tests, j'ai trouvé un réglage particulier qui minimise de délai de déclenchement et qui rend le module SU-800 pleinement utilisable en macro ultra-rapide.

Cet accessoire m'a permis en 2006 de travailler avec un système d'éclairage au flash beaucoup plus souple et plus rapide à mettre en oeuvre sur le terrain. J'ai ainsi gagné de longues minutes de mise en oeuvre de tout mon équipement. De même, pendant les scéances de prise de vues, l'ajustement des réglages a été simplifié par le fait que, quel que soit le nombre de sources lumineuses utilisées, le réglage est effectué de manière centralisée sur le SU-800.

Enfin, autre nouveauté très intéressante : le module SU-800 permet de piloter à distance des petits flashes macro SB-R200. Ces flashes sont très utiles pour moi pour plusieurs raisons. D'abord, il sont petits et légers. Il est donc facile de les placer autour de la scène photographiée, même dans des endroits difficilement accessibles. Ensuite, leur électronique leur permet d'émettre des éclairs de très faible durée allant jusqu'à 1/50.000° sec ! Avec une telle durée d'exposition, les mouvements les plus rapides sont parfaitement figés. Ensuite, il est possible de fixer les SB-R200 à l'avant des objectifs. J'ai souvent utilisé cette possibilité en 2006 en association avec des optiques grand-angle. Cela m'a permis de résoudre mes difficultés d'éclairage des premiers plans au grand-angle.

L'association des petits flashes SB-R200 pour éclairer finement le premier plan avec des flashes SB-800 pour éclairer l'arrière-plan constitue le meilleur compromis, à mon avis, entre souplesse d'emploi, performance et qualité de la lumière. Avec ce système, je me sents particulièrement à l'aise pour trouver rapidement l'éclairage au flash qui reproduit fidèlement la lumière naturelle que j'ai observé autour des papillons.












Les petits flashes macro SB-R200 peuvent être fixés à l'avant des objectifs, ici un Micro-Nikkor AFS VR 105 mm. De ce fait, il sont très souples d'emploi.

Afin d'améliorer le rendu de mes clichés pris à grande ouverture, j'ai choisi d'associer dans diverses situations une très grande ouverture avec la synchro haute vitesse de mes flashes. Lorsqu'ils sont utilisés avec cette synchro particulière appelée "FP", les flashes restent allumés pendant toute la durée de translation des rideaux de l'obturateur de l'appareil. Je peux ainsi utiliser toute la gamme des vitesses d'obturation de mon Nikon D2x jusqu'à 1/8000° sec. Cette technique procure deux avantages. D'abord, il est possible de mixer la lumière naturelle et les flashes sans courir le risque de faire apparaître des halos parasites. Ensuite, je peux avoir recours à des temps de pose "relativement" longs et, ainsi, suggérer le mouvement en conservant l'extrémité des ailes floues. En 2006, j'ai souvent associé cette technique avec la très grande ouverture de mon 200 mm f/2 pour produire des images très dynamiques.



En complément du VR 200 mm, j'utilise depuis début 2006 le nouveau Micro-Nikkor VR 105 mm. La première de ses qualités que j'apprécie est son très bon piqué à grande ouverture.

Mais, quelles que soient mes intentions et quelle que soit l'approche que je retiens pour immobiliser le vol des lépidoptères, ce sont toujours les papillons qui ont le dernier mot et qui choissisent d'ignorer mon appareil ou, au contraire, de faire une acrobatie aérienne parfaitement bien placée dans le cadre de visée.

Par exemple, alors que le cadrage laissait beaucoup de place au dessus des graminés, un Faune a choisi de jouer avec les grandes tiges et m'a offert un impressionnant passage sur l’aile! L’effort produit par le papillon est très visible sur le cliché car les ailes du papillon sont incurvées par la résistance de l’air autour de l’insecte.

Les figures aériennes des papillons n’ont rien à envier aux programmes des meetings aériens. En fin d’été, dans les jardins, il y a plein de minuscules papillons qui volent en zig zag en tous sens au dessus des fleurs de menthe. Leurs déplacements sont si rapides et imprévisibles qu’il est impossible de les observer à l’oeil nu. Ainsi, autour de petites fleurs de menthe, un minuscule Azuré porte-queue a osé faire un looping devant mon objectif !

Mais mon plus beau souvenir de cette saison 2006 reste ma rencontre avec des Echiquiers d'Occitanie. Grâce aux caprices de la météo du mois de mai, j'ai eu le plaisir de découvrir un Echiquier d'Occitanie dans un de mes lieux de prédilection. Quelques jours plus tard, j'y retourne et je découvre que plusieurs spécimens volent au même endroit. Je décide donc de tenter ma chance et je consacre plusieurs jours de suite à essayer de photographier le vol de l'Echiquier d'Occitanie. Et la chance m'a donné un cliché dans lequel le papillon montre ses ailes bien déployées alors que j'avais choisi un cadrage particulièrement délicat ! Mais je n'avais pas osé imaginer que cette histoire de chance et de météo se finisse par le prix "une vie d'insecte" au concours de Montier-en-Der 2006.

Je photographie les papillons depuis plus de 25 ans et, chaque année, ils trouvent moyen de me surprendre. C'est sans doute cela que je préfère dans la photo ultra-rapide.

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