A la recherche d’un remplaçant numérique au 300 mm f/2,8 mieux adapté au capteur de format DX, j'ai mis à l’épreuve l’objectif Nikon AFS VR 200 mm f/2 G IF-ED dans des conditions extrêmes.
Reportage photo avec le Nikon D2X équipé du 200 mm à l’Alpirush, championnat de France mi-distance de course de traîneau à chiens dans le Vercors !


Vendredi 25 février, à 10h07, j’ai la chance de recevoir un appel téléphonique de mon revendeur : "j'ai un Nikon D2X pour toi" ! Je vais pouvoir travailler avec mon nouveau boîtier dès le début de ma saison de photographie de papillons dont je suis devenu spécialiste. Je passe d’ailleurs un premier week-end avec l’appareil axé sur la macro, d’abord sur le terrain le samedi, puis en studio le dimanche. Le D2X délivre des fichiers de très haut niveau et, comme tous les appareils photos, il donne le meilleur de lui-même lorsque l’éclairage est adapté au sujet.

Mais depuis que je suis passé au tout numérique, j’ai une frustration, un manque que le D2X ne comblera pas : je n’ai plus de 300 mm f/2,8 qui était mon objectif favori en argentique pour les photos d’action. Le capteur de taille DX me l’a volé et l’a remplacé par un téléobjectif qui cadre plus serré, comme un 450 mm. Je peux bien sûr utiliser mon zoom 80-200 sur la position 200 mm, mais je ne retrouve pas le dynamisme et la faible profondeur de champs de mon 300 mm.

Lorsque Nikon annonce en mai 2004 la sortie de l’objectif AFS VR 200 mm f/2 G IF-ED (ouf !), je bondis de joie ! C’est peut-être l’objectif qui me manque !

Avant d’acquérir un tel objectif, je me renseigne, je contacte des photographes qui l’utilisent. Tous font état d’une qualité optique exceptionnelle. Enfin, en janvier, Nikon me permet de l’essayer avec mon D2H puis avec un D2X. Je suis décidé, le D2X et ce 200 mm forment un beau couple et en allant chercher le D2X chez mon revendeur je commande le 200 mm. Il m’est livré en 3 jours.

Je suis impatient de le tester sur le terrain. A coté de chez moi, dans le Vercors, une manche du championnat de France de course de traîneau à chiens, l’Alpirush, est organisée du 5 au 7 mars 2005. Ce sera donc le galop d’essai du couple D2X et AFS 200 mm f/2 VR.


Mais c’est compter sans la météo. En effet, les prévisions sont très pessimistes car une tempête de neige est annoncée pour toute la journée de samedi. Or, j’ai prévu de faire un reportage sur la course avec deux amis photographes et la motivation du groupe l’emporte sur les difficultés météorologiques.

Nous nous retrouvons donc le samedi matin à 9h30 à Fond d’Urle sur la ligne de départ. La tempête de neige est bien au rendez-vous. Les conditions sont telles que j’hésite à sortir mon matériel tout neuf. De plus, les concurrents se mettent à l’abri ce qui limite les occasions de réaliser de belles images. Il est préférable de se rendre sur le parcours à la recherche d’un point de vue intéressant.

Nous chaussons alors les raquettes qui s’avèrent être vraiment indispensables tant il y a de neige. Le matériel est bien protégé dans mon sac à dos. Nous trouvons rapidement un lieu sympathique dans la forêt. Malgré la neige blanche, les conditions d’éclairage sont médiocres et la visibilité est très réduite à cause de la densité des flocons. Je me demande si je vais pouvoir utiliser un téléobjectif dans ces conditions. Je sors tout de même mon matériel du sac et je monte le 200 mm sur le D2X en évitant que la neige entre dans le boîtier ; ce n’est pas simple ! Je jette un œil dans le viseur où deux agréables surprises m’attendent. D’abord, la faible profondeur de champ à f/2 gomme en partie les flocons et elle va permettre de faire des photos au téléobjectif dans la tempête. Ensuite, la très grande ouverture compense l’éclairage défavorable. Je vais pouvoir travailler à 1/1000° s à f/2 en restant à 100 ISO. Je règle le correcteur d’exposition à +0,7 diaphragme et je fais quelques essais afin vérifier ce réglage. Pour faire ce contrôle, j’affiche l’histogramme sur l’écran de l’appareil qui me permet de vérifier que les zones claires ne sont jamais « cramées ». Par mesure de prudence, je décide de travailler en Raw afin de disposer de toute la dynamique du capteur pour de futures corrections des tons et du contraste dans la neige et dans les basses lumières. En vue d’une édition rapide des photos de 12 Mpixels sur ordinateur, je règle le boîtier sur Raw + Jpeg (taille moyenne = 6 Mpixels tout de même). Les fichiers Jpeg serviront à sélectionner les fichiers Raw sur lesquels je travaillerai avec Nikon Capture.

L’objectif faisant le même poids qu’un 300 mm f/2,8 (2,9 kg) je le monte sur un monopied. Il ne reste plus qu’à attendre les premiers concurrents. Rapidement, mon matériel se recouvre de neige ; j’espère que Nikon a bien mis des joints partout où cela est utile. Mais il faut que je pense à garder mes mains au chaud pour rester réactif pendant les prises de vue. J’utilise des gants fins qui sont un bon compromis entre protection et capacité à manipuler l’appareil photo.

Lorsque les attelages de la tête de la course passent, les premières impressions sont positives. L’ergonomie du boîtier est sans surprise. Les commandes sont quasiment toutes identiques à celles du D2H que j’utilise depuis plus d’un an. Je ne ressens pas le besoin de mettre en œuvre la cadence ultra (mode qui permet de travailler à 8 i/s en n’utilisant que le centre du capteur sur 6,8 Mpixels) car la cadence de prise de vue de 5 images/seconde est bien adaptée à ce sujet. Le débit d’écriture sur la carte mémoire est très élevé ce qui me conduit à oublier rapidement que j’enregistre des fichiers de 12 Mpixels. En fait, l’augmentation de résolution n’apporte aucun inconvénient sur le terrain en terme de souplesse de travail autre que la capacité réduite des cartes mémoire : une carte de 2 Go ne peut recevoir que 180 fichiers Raw compressés.

Un point me gêne tout de même. J’ai le sentiment que l’autofocus travaille avec peine et je perds confiance dans les réglages que j’utilise. Et avec un tel équipement, les combinaisons de jeux de réglages possibles sont très nombreuses (voir encadré). Je reste en autofocus continu mais j’essaie différentes combinaisons de sélection des capteurs : autofocus dynamique groupé avec sujet sur le capteur central, dynamique groupé avec priorité au sujet le plus proche, priorité au sujet le plus proche sur tout le viseur. A cause des flocons qui s’interposent entre mon appareil et les chiens, les images restent très peu contrastées et l’autofocus semble mieux fonctionner quand on présélectionne le capteur sur lequel le sujet se trouve. Mais il est impossible de s’en assurer en consultant les photos prises car l’écran se recouvre de neige en permanence !



L’autofocus est réglé en dynamique groupé sur les capteurs du bas de l’image.
Le viseur dispose de 2 afficheurs distincts, l’un pour les données de prise de vue, l’autre pour les réglages de la section numérique.
On distingue clairement le cadre de visée pour le mode cadence ultra : 6,8 Mpixels à 8 i/s.


En deuxième partie de matinée nous nous déplaçons près de l’arrivée au stade de biathlon Raphaël Poirée de Vassieux en Vercors. Dans la voiture, en nettoyant mon matériel, je découvre que la neige s’est transformée en glace sur le fût de l’objectif et sur le pare-soleil ! Je suis bien en train de réaliser un test dans des conditions sévères.
A l’approche de l’arrivée, les conditions météorologiques sont un peu meilleures. Cela me permet d’identifier quelques évolutions plus subtiles entre le D2H et le D2X. Le posemètre a moins tendance à sous-exposer les clichés. Est-ce que cela est dû la nouvelle fonction d’analyse des hautes lumières du posemètre ? Je baisse donc mon réglage de correction d’exposition à + 1/3 de diaphragme seulement. Le D2X dispose d’un menu historique qui permet de rappeler les réglages récents. Il se transforme vite en un menu des fonctions les plus souvent utilisées par le photographe : c’est vraiment très pratique. Je teste enfin le mode « cadence ultra ». Quand on sollicite ce mode, les 4 coins du cadre de visée réduit s’illuminent en rouge à la façon des collimateurs AF. L’activation / désactivation de ce mode est instantanée par appui sur un bouton car j’ai programmé la touche de fonction pour cela dans les réglages personnalisés. Ce mode est très intéressant lorsqu’il est associé à l’AFS 200 mm f/2 VR car je dispose, dès que j’en ai besoin, du cadrage d’un 400 mm ... tout en restant à l’impressionnante ouverture f/2 ! En combinant ce mode avec l’utilisation de mon téléconvertisseur 1,4x TC14E, je dispose sur mon Nikon D2X d’un 300 mm f/2 et d’un 420 mm f/2,8 en résolution 12 Mpixels puis d’un 400 mm f/2 et d’un 560 mm f/2,8 en résolution 6,8 Mpixels avec le mode cadence ultra. Quel potentiel avec une seule optique qui pèse moins de 3 kg ! Et tout cela est obtenu avec une faible profondeur de champ très dynamique et avec des flous de grande qualité.
Enfin, sur la ligne d’arrivée, j’utilise le 200 mm f/2 VR à main levée. Malgré son poids, la maniabilité de l’appareil tire profit de la grande compacité de l’objectif (il mesure 12 mm de moins que le 70-200 mm f/2,8 VR). Je le trouve plus facile à utiliser à main levée que mon ancien 300 mm f/2,8. J’active le mode de réduction de vibration VR même si les temps de pose restent très courts. Ceci se fait par l’intermédiaire d’une bague qui est beaucoup plus simple à manipuler qu’un petit interrupteur. En réalisant des portraits des chiens recouverts de neige, je prends conscience de la très faible profondeur de champs. Il faut régler la mise au point avec très grande précision. Ici les 11 collimateurs AF font merveille. Je prends ces photos dans un confort surprenant. Mais le froid a eu raison de ma vigilance : j’ai commis une erreur de débutant en oubliant ma dernière carte mémoire dans la voiture. Pour mes dernières images, je suis contraint d’abandonner le format Raw pour travailler en Jpeg fin.
Après l’arrivée du dernier concurrent de l’épreuve mi-distance, les organisateurs nous offrent un vin chaud. Nous avons bien besoin de ce réconfort après 5 heures passées dans la neige ! Je profite de ce moment de calme pour consulter les menus de l’appareil et pour afficher la charge de la batterie. J’aurais en effet pu m’attendre au pire à la fin du reportage dans le froid et la neige après une utilisation intensive de l’AFS et du mode de réduction de vibration VR. Mais il n’en est rien car le niveau de charge de la batterie est encore de 82% : belle performance !


L'objectif AFS VR 200 mm f/2 G est utilisé à main levée à l'arrivée.



Le 200mm f/2, lorsqu'il est associé à des téléconvertisseurs devient un objectif très polyvalent. Avec le TC17E, il se transforme en l'équivalent d'un impressionnant 510 mm f/3,3 sur le D2X! De ce fait il est un concurrent direct de l'excellent zoom 200-400 ... surtout qu'il coute 40% moins cher.



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