Parfois l’histoire se répète! Il y a trois ans, j’avais testé le couple Nikon D2X et objectif AFS VR 200 mm f/2 sur les pistes de l’Alpirush 2005 , la couse de chiens de traîneaux dans le Vercors. En ce début 2008, je dispose d’un nouveau couple boîtier – objectif et l’Alpirush 2008 a été avancé à début janvier. Cette fois, il s’agit d’un équipement beaucoup plus imposant puisqu’il s’agit du VR 400 mm f/2,8 et du Nikon D3. L’occasion était trop belle pour ne pas rééditer ce test terrain.



Pouvoir disposer d’un téléobjectif aussi extrême et exclusif que ce tout nouveau Nikkor AFS VR 400 mm f/2,8 est pour moi un rêve de gosse, un de ces rêves qu’on garde dans un coin de son esprit sans vraiment croire qu’un jour il pourrait devenir réalité. Et puis, petit à petit, à force de travail, j’ai progressé en photographie. Quelques-unes de mes images ont été remarquées. J’ai décroché une publication dans Chasseur d’Images. Et puis, sans m’y attendre, j’ai gagné un prix à Montier-en-Der. Nikon m’a demandé des images pour illustrer leur magazine Nikon Pro. Les organisateurs du festival de Montier-en-Der m’ont proposé d’exposer mes clichés de papillons en vol … et la machine s’est emballée !

Aujourd’hui, j’aime à dire que ce sont mes photographies qui m’offrent cet objectif inaccessible : le 400 mm de mes rêves !

Nikon D2X et objectif AFS VR 200 f/2 G dans la tempête !

A la recherche d’un remplaçant numérique au 300 mm f/2,8 mieux adapté au capteur de format DX, Ghislain Simard met à l’épreuve l’objectif Nikon AFS VR 200 mm f/2 G IF-ED dans des conditions extrêmes.
Reportage photo avec le Nikon D2X équipé du 200 mm à l’Alpirush, championnat de France mi-distance de course de traîneau à chiens dans le Vercors !


Lors de ce type de reportage dans la neige, il y a deux types de conditions climatiques diamétralement opposées qui permettent de réaliser des clichés très intéressants. Un superbe ciel bleu est propice aux prises de vues de paysages fantastiques où les arbres chargés de neige de détachent devant le bleu du ciel. A l’opposé, des conditions météorologiques très difficiles telles, comme lors de mon reportage de 2005, une tempête de neige permettent de prendre des images qui mettent en avant le froid et les efforts des attelages.

Malheureusement, je n’ai rencontré rien de tel cette année. La neige était bien au rendez-vous mais elle était accompagnée d’un ciel tout gris sans précipitation. Les scènes au bord de la piste semblaient donc bien tristes et il y régnait un manque évident de lumière. Mais l’envie de partir en montagne pour tester sur le terrain ce nouvel équipement m’a tout de même donné la motivation pour me lever très tôt afin d’être sur la ligne de départ dès 9 heures.

Force est de constater que les images prises au cours de la course de ce début janvier ont beaucoup moins d’impact visuel que celles faites dans la tempête de neige en 2005. Cela démontre par l’exemple que le matériel photographique n’est qu’un paramètre parmi d’autres qui participent à la qualité des images produites. Donc, quand on lit un test technique de terrain, il ne faut pas oublier que la qualité de l’éclairage, la météo ou encore le point de vue choisi par le photographe influent tout autant sur la qualité des clichés que les performances de l’appareil photo.




Livre : EN VOL Les acrobaties aériennes des papillons

Mon premier livre "En Vol - Les acrobaties aériennes des papillons" est paru fin 2008. Il peut être commandé sur le site de l'éditeur dès maintenant.

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La simple idée de devoir transporter un 400 mm f/2,8 sur le terrain me faisait un peu peur. Mais, à ma grande surprise, je n’ai rencontré aucune contrainte due au poids de l’objectif. En fait, son poids est de « seulement » 4,6 kg soit tout juste 1,6 kg de plus que l’AFS VR 200 mm f/2 que j’ai l’habitude d’apporter partout avec moi depuis trois ans. C’est un peu comme s’il y avait un boîtier de plus dans mon sac. C’est plutôt l’encombrement du 400 mm et en particulier son diamètre qui va me demander une phase d’adaptation. Mes premières sorties en décembre dernier avec le VR400 m’avaient déjà démontré qu’il fallait que je trouve un nouveau trépied qui soit un bon compromis pour cette optique. Je sais maintenant qu’il faut que je parte à la recherche d’un nouveau sac adapté à son grand diamètre.

La course de chiens de traîneau impose au photographe de longues attentes dans la neige, au bord de la piste. Dans ces conditions, il est hors de question de tenter d’utiliser le couple D3 + VR400 à main levée. J’ai eu systématiquement recours à un solide monopied monté directement sur l’objectif. En effet, toutes les prises de vues étant réalisées à l’horizontal, près du sol afin d’être au niveau des chiens, il est inutile de monter une rotule sur le monopied. Cet ensemble devient alors particulièrement maniable et j’ai rapidement oublié le poids de l’ensemble.


L'objectif AFS VR 400 mm f/2,8 G n'est pas utilisable à main levée sur une longue durée. Un solide monopied constitue le bon compromis entre mobilité et support du téléobjectif.



Mais lorsqu’on jette un premier regard dans le viseur du Nikon D3, on oublie instantanément toutes les difficultés qu’il a fallu surmonter pour apporter le boîtier et l’objectif au bon endroit. L’image est fantastique ! Le grand viseur 24x36 donne un aperçu de ce que sera le cliché final. Quand je tourne la bague de mise au point, je vois l’étroit plan net se déplacer sur la piste blanche et, surtout, je vois le flou dans les branches du fond évoluer lentement. Même à grande distance, l’arrière-plan reste très doux avec un bokeh (rendu des zones floues) très beau. Je trouve rapidement un lieu idéal pour exploiter au mieux cette qualité de rendu si particulier du 400 mm f/2,8. Je me place en très léger contrebas d’une bosse qui laisse une vue parfaite sur les chiens de tête avec, en arrière plan, le musher qu’on devinera tout juste derrière son traîneau.



Même si j’ai entre les mains un reflex numérique très sophistiqué, je garde les réflexes appris à l’époque où je travaillais exclusivement avec du film inversible. Une première mesure de lumière dans la neige puis une autre mesure sur l’écorce d’un arbre me démontrent que, malgré le ciel nuageux, la scène est très contrastée. Je crains que, si je ne prends pas de précaution, je me retrouve avec un sujet bien sombre même en exposant correctement la neige. J’active le D-Lighting actif et, dès le premier essai, je constate que c’est la bonne solution. Les images sont quasiment parfaites. Selon l’éclairage de la scène face à laquelle je me trouve, j’ai simplement à choisir entre le réglage « faible » ou « normal ». Comme j’ai décidé de travailler en Raw 14 bits, je peux me permettre de prendre quelques risques avec l’exposition de la neige que je n’aurais pas pris si j’avais enregistré les photos au format Jpeg. Je règle donc très souvent le correcteur d’exposition sur + 1/3 de diaphragme. J’ajuste très souvent ces réglages en contrôlant, à chaque fois que je dispose d’une minute, l’histogramme des derniers clichés enregistrés sur la carte CF. Même avec le grand écran LCD haute résolution du Nikon D3, l’histogramme reste l’arme absolue pour ajuster très finement l’exposition.


Réglage de l'intensité du D-Lighting actif.


Je ne sais pas pourquoi (peut-être un micro-climat ?), il y avait de nombreux appareils Nikon autour de moi dans la forêt. Alors que mes collègues photographes se battaient avec leur D200 et autre D2H pour trouver le bon compromis entre les réglages d’exposition, de contraste ou de saturation, de mon coté, j’ai simplement eu besoin de sélectionner la puissance du D-Lighting actif. Je crois d’ailleurs que je suis un peu responsable de leurs tâtonnements. Ils ont commis l’erreur d’essayer de comparer leurs réglages avec les miens alors que le Nikon D3 a un comportement très différent des anciens boîtiers.

Les nouvelles fonctions telles que le D-Lighting actif associées aux nouvelles optimisations d’image qui remplacent les modes I, II et III et aux qualités en haute sensibilité changent complètement la donne en photographie d’action. Le relatif manque de lumière ne m’a absolument pas dérangé car j’ai travaillé à 800 ISO avec absolument aucun grain.

Et que dire de la nervosité du boîtier ? La cadence de 9 i/s pleinement compatible avec l’autofocus dynamique et avec le Raw 14 bits permet de décomposer la scène photographiée afin de sélectionner la bonne attitude des chiens de tête de l’attelage. Position des pattes, regards vers le photographe ou langue pendue pendant l’effort sont imprévisibles et cette rafale rapide permet réellement de faire son choix, chez soi, de retour devant l’ordinateur !

L’autofocus est de la même veine. Bien sûr, la luminosité du 400 mm participe à la détectivité des capteurs AF sur la neige blanche. Le moteur très puissant intégré au téléobjectif procure une réactivité instantanée. Et puis, l’autofocus dynamique 3D est magique sur ce genre de sujet ! Une fois sélectionné le regard du chien sur lequel je veux placer le plan net, l’appareil ne le lâche plus et choisit le capteur AF adapté aux déplacements des chiens. Au final, je me trouve, sans vraiment m'en rendre compte, en train à utiliser une optique très pointue dans des conditions de confort incroyable. Le D3 et le VR 400 mm f/2,8 constituent un must pour la photo d’action !



Le choix du capteur actif initial en AF dynamique 3D détermine la précision de la mise au point !


De retour à la maison, devant l’ordinateur, la première chose que je note en découvrant les photographies, c’est que la très faible profondeur de champ produite par le 400 mm f/2,8 conduit à un taux d’échec non nul. L’AF placé sur la truffe ou sur le regard conduit à des images très différentes. Je note ensuite une autre caractéristique sur les images que je ramène de ce reportage : Dans une séquence à 9 images/seconde, quand le point est correctement fait sur le premier cliché, les autres clichés sont tous nets avec le plan net bien placé au même endroit. L’autofocus dynamique 3D sur les 51 collimateurs fonctionne très bien et c’est l’opérateur (moi !) qui doit apprendre à mieux maîtriser la position du capteur AF initial et l’instant de la mise en service de l’AF. Cela semble être déterminant pour l’obtention d’un résultat parfait. J’ai donc une importante marge de progression. Je dois donc m’entraîner davantage pour apprendre à maîtriser ce couple objectif-boîtier.

Le rendu des arrière-plans flous (le fameux bokeh) est particulièrement beau. Là, le 400 mm f/2,8 ne fait que confirmer les nombreux tests que j’avais réalisé avant de choisir mon téléobjectif. C’est d’ailleurs sur ce terrain du rendu d’image que le 400 mm a eu ma préférence sur le 500 mm f/4, surtout que ce 400 mm possède une distance minimale de mise au point de seulement 2,8 mètres très intéressante pour certaines de mes applications. La définition des images à pleine ouverture est excellente. Les fichiers issus du D3 avec les réglages par défaut sont assez doux et ce type de clichés gagne à subir un traitement dans capture NX avec un masque de flou assez énergique.

Au final, on peut se poser la question suivante : est-ce que les images du couple D3 + VR400 sont réellement meilleures que celles du couple D2X + VR200 ? La comparaison de tirages grand format 40x60 entre l’Alpirush 2005 et l’édition 2008 ne montre aucune différence de piqué. Sur ce critère, avec deux boîtiers de 12 Mpix, ce sont les qualités des optiques qu’on compare. Ici le 200 mm f/2 et le 400 mm f/2,8 permettent aux deux capteurs de donner le meilleur d’eux-mêmes : les résultats sont superlatifs dans les deux cas! Les images prises en 2005 sont plus belles car elles tirent profit du rendu très particulier de la tempête de neige. Sur le terrain, le boîtier DX est également plus maniable que l’énorme couple D3 + VR400. Mais on compare ici des optiques très différentes. En effet, avec le 400 mm, je ne cherche pas à remplacer le 200 mm pour le grand capteur car j’aurais choisi un 300 mm f/2,8. Je cherche plutôt un rendu différent, plus exclusif, avec un objectif très lumineux qui me permettra de tirer pleinement parti des qualités du Nikon D3 en haute sensibilité.

J’ai toutefois fait quelques essais du D3 avec le VR 300 mm f/2,8. Je dois avouer que j’ai été déçu des résultats par rapport au VR 200 f/2 associé au D2X … en tout cas tant qu’il ne manque pas de lumière. La supériorité des grands capteurs n’a donc rien d’absolu et, en pratique, tout dépend des qualités de l’objectif qu’on associe au boîtier. Et quid du D300 associé au fabuleux VR 200 f/2 ? Ne me posez pas la question car je n’ai jamais eu l’occasion d’utiliser ce boîtier.

Dans les pages qui suivent, vous découvrirez quelques clichés pris avec le Nikon D3 et l’objectif AFS VR 400 mm f/2,8 sur la piste de l’Alpirush 2008.




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