Au bord d’un étang, près d’un canal, le long des méandres d’une lône, au-dessus d’un ruisseau, sur une crête dégagée, sur les berges du grand fleuve, dans une tourbière isolée, les libellules volent dans des milieux très variés qui constituent autant de paysages à explorer pour l’objectif du photographe. J’ai cherché à montrer par des compositions aérées et par des cadrages larges comment le vol permet aux libellules d’être en totale symbiose avec leur environnement. Les frêles agrions se frayent un chemin à travers les herbes. Les libellules déprimées n’ont de cesse de revenir se poser toujours sur le même perchoir. Les Orthétrums s’accouplent en plein vol. Les Sympétrums jouent avec les reflets du soleil à la surface de l’eau. Les Caloptérix forment des dessins d’une parfaite symétrie avec leurs ailes. Les puissants Anax dominent leur territoire grâce à des déplacements d’une vitesse fulgurante ! L’univers miniature des libellules est fait de diversité. Les caractéristiques de leur vol sont tellement variables qu’il est nécessaire de passer beaucoup de temps en repérage au bord de l’eau avant de sortir le matériel photo du sac pour tenter de prendre un cliché d’une odonate en vol.

Certes, les libellules adoptent parfois un vol stationnaire de quelques secondes permettant au photographe de tenter un cadrage rapide, mais dès qu’on cherche à sortir de ces quelques rares situations favorables à la pratique de la photographie, tout se complique. Les agrions possèdent un vol lent et hésitant qui cache de brusques changements de direction imprévisibles. Les Aeschnes et les Anax font preuve d’une vivacité incroyable qui transforme la photographie des odonates en vol en une mission impossible ! Les libellules m’ont poussé à revoir totalement les outils de prise de vues ultrarapides mis au point initialement pour figer le vol des papillons. Cette exposition «Ailes de libellules» est le fruit de trois années de travail parsemées d’échecs cuisants, d’efforts infructueux mais aussi de grands moments d’émotion.

Les photographies de l’exposition "Ailes de libellules" présentée au festival de Montier-en-Der 2009 ont été prises avec des appareils Nikon D3 et D3x associés aux objectifs Micro-Nikkor AFS VR 105 mm f/2,8G, Micro-Nikkor AF 200 mm f/4D, AFS VR 200 mm f/2 et le plus souvent au téléobjectif Nikkor AFS VR 400 mm f/2,8G. Les mouvements les plus rapides ont été figés par des éclairs de flashs très brefs qui permettent d’atteindre le temps de pose record de 1/40.000° sec. D’autres images ont été prises en associant la lumière naturelle et le flash à la vitesse d’obturation de 1/8000° sec. Avec ce mode opératoire, l’extrémité des ailes est affecté d’un léger flou de bouger qui met ainsi en relief la grande vitesse des battements d’ailes.

Les tirages ont été réalisés par Déclic Editions sur du papier FineArt fourni par Innova Art. L’exposition en grand format 90 x 135 centimètres (A0) a vu le jour grâce au soutien du magazine Chasseur d’Images.


Livre : Libellules

Les libellules règnent en championnes des airs sur le monde des insectes. Déplacements à la vitesse de l’éclair, changements de trajectoire instantanés, vol sur place, marche arrière, elles peuvent tout faire avec leurs ailes. Les clichés de Ghislain SIMARD ouvrent une porte sur ce monde où les actions sont trop rapides pour être observées à l’œil nu.

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Un 400 mm f/2,8 pour photographier les libellules, est-ce bien raisonnable ?