2010 a été pour moi l'année de la découverte du moyen format numérique aux commandes d'un boîtier Hasselblad H4D-40. A la fin des années 90, j’avais déjà réalisé quelques tests terrain avec un Hasselblad 503CW et avec un Contax 645 qui avaient été plutôt positifs. Mais ces essais avaient pris fin brusquement avec l'arrivée des reflex numériques de petit format très souples d'emploi en macro. Et puis Kodak a mis au point début 2010 un nouveau capteur, le KAF-40000, qui offre enfin au moyen format numérique de bonnes performances en haute sensibilité. C’est un capteur de petite taille pour du MF, 33 x 44 mm. Il est en effet équipé de micro-lentilles afin de condenser la lumière sur ses 40 millions de photosites pour optimiser la sensibilité. Il est utilisé par Hasselblad dans le H4D-40 et par Pentax dans son 645D. Les caractéristiques de ce nouveau capteur qui m’ont poussé à me questionner à nouveau sur l’opportunité d’utiliser du matériel moyen format en photographie rapprochée dix ans après les tests que j’avais réalisés en argentique. Ma découverte du MF numérique en macro s'est conclue par la rédaction d'un sujet qui est paru dans le numéro 331 de Chasseur d'Images.

Mais comme expliqué dans l'article, je suis resté insatisfait sur un point. J'aurais bien aimé pouvoir tester le téléobjectif le plus puissant de la gamme Hasselblad HC, le 300 mm f/4,5, en photographie rapprochée. Malheureusement, cette optique est très peu répandue car elle est trop éloignée du centre d'intérêts des photographes qui utilisent du MF numérique pour traiter des sujets comme la mode ou encore comme le travail en studio. Il est donc quasiment impossible de l'emprunter l'espace d'un test.

Pourtant, je rêvais de découvrir le rendu de ce téléobjectif lorsqu'il est associé à une bague-allonge. La lecture de la fiche technique laissait cependant planer quelques inquiétudes. En effet, cet objectif dispose d'une formule optique complexe à mise au point interne afin de rendre possible l'intégration d'un obturateur central dans un tel téléobjectif. Je me demandais donc quelle serait la qualité optique lorsque le 300 mm était associé à une bague-allonge. En effet, pour les applications concrètes que j'envisage, le grandissement de 0,13x à la distance minimale de mise au point de 2,45 mètres n'est pas suffisant. J'ai besoin de cadrer plus serré. Concrètement, avec la bague-allonge H26 (longueur 26 mm), j'obtiendrai un grandissement de 0,24x qui, compte tenu de la grande taille du capteur MF correspond au même cadrage que mon 400 mm f/2,8 Nikon à sa distance minimale de mise au point. Ensuite, la bague HC52 (longueur 52 mm) me permettra de cadrer beaucoup plus serré grâce à un grandissement de 0,34x.

C'est au salon de la photo fin 2010 que j'ai appris la bonne nouvelle. J'allais pouvoir tester le 300 mm en février 2011 !

La découverte de l'optique n'a réservé aucune surprise. Sa construction tout métal est somptueuse. L'objectif est très lourd mais il est relativement compact. Le pare-soleil allonge toutefois l'objectif d'une bonne moitié de sa longueur. J'ai découvert immédiatement qu'il y a un accessoire indispensable pour utiliser cet objectif confortablement : une monture rapide sur trépied. Il est bien sûr possible d'opter pour le modèle Hasselblad. Personnellement, j'ai préféré avoir recours à un modèle Wimberley compatible avec le standard Arca-Swiss de la rotule RRS. J'ai opté pour un plateau long afin de pouvoir ajuster le centre de gravité de l'ensemble objectif-boîtier H4D en fonction de la longueur de la bague-allonge utilisée. L'illustration ci-dessous montre comment la bague H52 modifie le centre de gravité de l'appareil. Il faut reculer le plateau dans le support de la rotule pour retrouver un parfait équilibre.


Livre : Libellules

Les libellules règnent en championnes des airs sur le monde des insectes. Déplacements à la vitesse de l’éclair, changements de trajectoire instantanés, vol sur place, marche arrière, elles peuvent tout faire avec leurs ailes. Les clichés de Ghislain SIMARD ouvrent une porte sur ce monde où les actions sont trop rapides pour être observées à l’œil nu.

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Objectif Hasselblad HC 300 mm f/4,5 équipé d'une bague-allonge H52.


Avec un tel équipement, il faut bien sûr effectuer la mise au point avec une extrême précision. Mais l'autofocus fonctionne toujours très bien avec des bagues-allonge et le grand dépoli du viseur rend la mise au point manuelle relativement facile à ajuster. Dès qu'on jette un oeil dans le viseur, on sent immédiatement le potentiel du 300 mm en photographie rapprochée. Les zones floues sont d'une extrême douceur et elles possèdent un graphisme que seul le moyen format sait rendre.

Il ne me restait alors plus qu'à découvrir si, oui ou non, le 300 mm associé à des bagues allonge procurait des images de grande qualité. Le période hivernale n'étant pas favorable à la pratique de la macrophotographie animalière, je suis parti à la recherche de quelques végétaux graphiques mais surtout à la recherche de belle lumières.

Au retour de ma première sortir sur le terrain, l'ouverture des fichiers dans Phocus a tout de suite répondu à ma crainte quant à l'association du téléobjectif avec des bagues-allonge. La qualité d'image est fantastique, tout-à-fait comparable à celle de l'optique macro HC 120 mm f/4. Ce qui m'a le plus impressionné, c'est que le piqué est au top dès a pleine ouverture. Vous trouverez ci-dessous quelques clichés pris au H4D-40 avec des crops à 100% afin de vous fournir une idée du rendu des images produites par le HC300 en photo rapprochée même si la compression pour le web altère fortement les détails dans les crops.


Appareil Hasselblad H4D-40 monté sur trépied et rotule RRS

Objectif HC 300 mm f/4,5 + bague-allonge H26

Exposition : 1/80° sec à f/5,6; 100 ISO.


Appareil Hasselblad H4D-40 monté sur trépied et rotule RRS

Objectif HC 300 mm f/4,5 + bague-allonge H26

Exposition : 1/500° sec à f/4,5; 100 ISO.


Appareil Hasselblad H4D-40 monté sur trépied et rotule RRS

Objectif HC 300 mm f/4,5 + bague-allonge H52

Exposition : 1/60° sec à f/5,6; 100 ISO.